samedi 14 février 2009

Randonnée au vert

Désormais tout se trouve, s'échange et se consomme sur internet, même les amis. Je viens d'éprouver ma première expérience de randonnée avec des inconnus rencontrés sur la toile. Inconnus ? En fouillant au fond de soi, on s'aperçoit qu'on se connaissait mieux qu'on ne le croirait. Expatriés de la finance, lettrés girovagues, designeurs pérégrins, trop agés pour l'oisiveté des étudiants, trop jeunes pour une vie casanière, tous ressentent l'appel du large et n'en cherchent pas moins une aimable compagnie pour en jouir le week-end venu. En vérité notre société était suffisamment homogène pour se plaire et assez variée pour se distraire.
Du lac dont nous devions faire le tour, nous n'avons vu que fugitivement l'empreinte. Le parcours nous a porté entre les marelles de mottes noyées des pacages et les pistes rectilignes et dégagée des cyclistes. La beauté des paysages d'ici ne vient certes pas des perspectives et des panoramas : la campagne est, quoi qu'il arrivé, cinglée par les raies d'autoroutes et de voies ferrées trop fréquentées pour qu'on les oublie. Mais qui sait concentrer son regard bien au dessous de l'horizon, trouvera dans le spectacle des prairies étouffant sous les étendues d'eaux un tableau dont ne rougirait pas les créateurs d'images de synthèse. Lignes de niveau et dégradés de couleurs presque artificielles prêtent leur décor aux battements et à la quiétude des oiseaux.
Avec nos pantalons boueux, nous n'avons pas poussé la soirée jusqu'à la porte d'un club. Comme le résumait si bien le facétieux de la bande, pour lui Américain, cela s'expliquait encore, mais pour nous Français, nous aurions laissé le videur déconcerté.

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